viernes, 30 de marzo de 2012

El mar y tú

El mar, el mar y tú, plural espejo,
el mar de torso perezoso y lento
nadando por el mar, del mar sediento:
el mar que muere y nace en un reflejo.

El mar y tú, su mar, el mar espejo:
roca que escala el mar con paso lento,
pilar de sal que abate el mar sediento,
sed y vaivén y apenas un reflejo.

De la suma de instantes en que creces,
del círculo de imágenes del año,
retengo un mes de espumas y de peces,

y bajo cielos líquidos de estaño
tu cuerpo que en la luz abre bahías
al oscuro oleaje de los días.

Octavio Paz

jueves, 22 de marzo de 2012

Les eaux de Mars


Un pas, une pierre, un chemin qui chemine
Un reste de racine, c'est un peu solitaire
C'est un éclat de verre, c'est la vie, le soleil
C'est la mort, le sommeil, c'est un piège entrouvert

Un arbre millénaire, un noeud dans le bois
C'est un chien qui aboie, c'est un oiseau dans l'air
C'est un tronc qui pourrit, c'est la neige qui fond
Le mystère profond, la promesse de vie

C'est le souffle du vent au sommet des collines
C'est une vieille ruine, le vide, le néant
C'est la pie qui jacasse, c'est l'averse qui verse
Des torrents d'allégresse, ce sont les eaux de Mars

C'est le pied qui avance à pas sûr, à pas lent
C'est la main qui se tend, c'est la pierre qu'on lance
C'est un trou dans la terre, un chemin qui chemine
Un reste de racine, c'est un peu solitaire

C'est un oiseau dans l'air, un oiseau qui se pose
Le jardin qu'on arrose, une source d'eau claire
Une écharde, un clou, c'est la fièvre qui monte
C'est un compte à bon compte, c'est un peu rien du tout

Un poisson, un geste, c'est comme du vif argent
C'est tout ce qu'on attend, c'est tout ce qui nous reste
C'est du bois, c'est un jour le bout du quai
Un alcool trafiqué, le chemin le plus court

C'est le cri d'un hibou, un corps ensommeillé
La voiture rouillée, c'est la boue, c'est la boue
Un pas, un pont, un crapaud qui croasse
C'est un chaland qui passe, c'est un bel horizon
C'est la saison des pluies, c'est la fonte des glaces
Ce sont les eaux de Mars, la promesse de vie

Une pierre, un bâton, c'est Joseph et c'est Jacques
Un serpent qui attaque, une entaille au talon
Un pas, une pierre, un chemin qui chemine
Un reste de racine, c'est un peu solitaire

C'est l'hiver qui s'efface, la fin d'une saison
C'est la neige qui fond, ce sont les eaux de Mars
La promesse de vie, le mystère profond
Ce sont les eaux de Mars dans ton coeur tout au fond

Un pas, une " ... pedra é o fim do caminho
E um resto de toco, é um pouco sozinho ... "
Un pas, une pierre, un chemin qui chemine
Un reste de racine, c'est un peu solitaire...

Paroles: Georges Moustaki. Musique: Tom Jobim 1974 Titre original: "Aguas de Março" note: Adaptation française du titre de Tom Jobim


martes, 20 de marzo de 2012

En primavera...





 La primavera besaba
suavemente la arboleda,
y el verde nuevo brotaba
como una verde humareda.
     Las nubes iban pasando
sobre el campo juvenil...
Yo vi en las hojas temblando
las frescas lluvias de abril.
     Bajo ese almendro florido,
todo cargado de flor
—recordé—, yo he maldecido
mi juventud sin amor.
     Hoy, en mitad de la vida,
me he parado a meditar...
¡Juventud nunca vivida,
quién te volviera a soñar!

Antonio Machado

lunes, 12 de marzo de 2012

Renouveau


Le printemps maladif a chassé tristement
L'hiver, saison de l'art serein, l'hiver lucide,
Et dans mon être à qui le sang morne préside
L'impuissance s'étire en un long bâillement.

Des crépuscules blancs tiédissent sous le crâne
Qu'un cercle de fer serre ainsi qu'un vieux tombeau,
Et, triste, j'erre après un rêve vague et beau,
Par les champs où la sève immense se pavane

Puis je tombe énervé de parfums d'arbres, las, 
Et creusant de ma face une fosse à ce rêve,
Mordant la terre chaude où poussent les lilas,

J'attends, en m'abîmant que mon ennui s'élève...
Cependant l'azur rit sur la haie et l'éveil
De tant d'oiseaux en fleur gazouillant au soleil.


Stéphane Mallarmé

lunes, 27 de febrero de 2012

De todas formas

Lo que queda
-tan poco ya-
sería suficiente
si durase.

Ángel González




miércoles, 15 de febrero de 2012

Pertinaz pasado

(...)

Porque aún somos bastante de aquello que hemos sido. Somos lo mismo siempre, desde siempre y por siempre: algún miedo crecido, algún instinto oculto, algún trayecto a medias. Pero siempre lo mismo: pasado de pasado, pasado de futuro, prejuicio de pretérito en presente.

Aurelio González Ovies

Fotografía: Kerényi Zoltán

jueves, 9 de febrero de 2012

Nada es lo mismo

No es bueno repetir lo que está dicho.
Después de haber hablado,
de haber vertido lágrimas,
silencio y sonreíd:

nada es lo mismo.


Ángel González



domingo, 5 de febrero de 2012

Futuro. Silencio. Nada

Las tres palabras más extrañas

Cuando pronuncio la palabra Futuro,
la primera sílaba pertenece ya al pasado.
Cuando pronuncio la palabra Silencio,
lo destruyo.
Cuando pronuncio la palabra Nada,
creo algo que no cabe en ninguna no-existencia.

Wislawa Szymborska

miércoles, 1 de febrero de 2012

Cultivo esperas


Cultivo esperas en el jardín de la muerte.
Todas las calles escriben esquejes en mis brazos
y algunas flores tiran de mí como cadenas.

Despertamos hortelanos de nuestro cuerpo en sombra,
cada uno arrastra su alambrada invisible,
sabe que existe una puerta sólo suya
en el azar del horizonte.
Cada uno escucha entre la hojarasca
la voz de su propio dios vencido,
se apresura a nombrarlo.

Todos los días son un buen día
para quemar las zarzas
y el corazón se hace más fértil
con los despojos de todas las edades.

Cultivo esperas en el jardín de la muerte,
los surcos sueñan
con el campo abierto de los pastizales,
con la niña que sembraba sus trenzas
y esperaba ver crecer el paraíso.


Amalia Iglesias Serna